Mazzini et le Socialisme

Parce que le rival de Pie IX, l’aspirant pape Mazzini évoque dans une récente bulle le nom du Socialisme, devons-nous le croire sur parole et grossir le nombre de ses ouailles ? Non, sa politique, ses tendances, ses pensées et ses actions manifestes sont là pour témoigner contre sa conversion et la démentir. Il est trop suspect d’autorité pour que nous puissions consentir à devenir ses dupes. Qu’y a-t-il au fond de tout cela dont les socialistes puissent se réjouir, si ce n’est qu’il faut que l’idée sociale soit bien puissante pour que son plus mortel ennemi, celui qui l’a le plus insultée, vienne aujourd’hui lui rendre foi et hommage ? Le jeu de tous les prétendants est de caresser l’opinion publique, mais c’est pour l’exploiter ensuite. Toutes les crédulités populaires leur servent d’échafaudage pour arriver au pouvoir. Les princes de la monarchie exploitent les oppositions politiques et bourgeoises, les princes de la démocratie les aspirations révolutionnaires et sociales ; mais c’est pour les repousser du pied, le jour où ils sont parvenus au pinacle qu’il convoitent, à l’autorité. Non, les ordonnateurs suprêmes ne sont pas des révolutionnaires selon le socialisme des initiateurs du Progrès ; ce sont des révolutionnaires du despotisme, des consécrateurs de servitude, — des moniteurs de civilisation ; ils continuent César, ils ne le suppriment pas. Voulons-nous donc encore recommencer Bonaparte et le Paupérisme, les libérateurs de la veille et les tyrans du lendemain ?

Qu’a à faire le césarique, le divin Mazzini, le saint, saint, et trois fois saint pontife avec l’Humanité et le Socialisme ?

On ne peut communier à la fois avec Satan et avec Dieu.


 

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