Dans un papier français et sous ce titre pompeusement bouffon : Une Exécution, on a pu voir un amas d’ignobles et infâmes calomnies. Ce n’est pas une plume mais un crochet qu’il faudrait pour fouiller dans ce tas d’immondices, et encore n’y trouverait-on pas une parole qui eût quelque consistance : tout cela n’est que de la boue détrempée avec de l’encre. Aussi, le rédacteur du Libertaire n’y répondra-t-il que par un écrasant mépris.

Ceux qui me connaissent savent que penser de ces dires d’un polémiste impuissant à répliquer par des arguments et qui en est réduit à se vautrer dans d’abjectes insultes. Ceux qui ne me connaissent pas, mais qui m’ont lu et qui ont lu l’autre feuille, jugeront de la valeur de sa réponse par la valeur de ses assertions.

En 48 les bourgeois fusillaient ou transportaient sans jugement ; en 58 il est tout naturel qu’ils exécutent sans preuve. Pourquoi auraient-ils changé[s] ? leur intérêt est-il donc différent ? Les bourgeois peuvent-ils n’être pas des bourgeois, les jésuites n’être pas des jésuites ?

Ma vie est de verre ; elle est fragile, elle n’est pas trouble. On pourrait la briser, si l’on était gouvernement ; il n’est permis à personne encore de la ternir ; je suis de ceux sur le front desquels la calomnie glisse sans pouvoir s’y attacher. – Venant d’un cloaque de rages et d’impuretés, l’éclaboussure dont on m’honore en retombant à terre retournera avec les balayures à l’égo[û]t d’où elle est sortie.

Le Libertaire n’a pas été mis au jour pour remuer les fanges personnelles, pour disputer ; mais pour remuer les cœurs et les intelligences, pour discuter ; l’homme qui le rédige n’a pas à relever les indignes bassesses qui ont eu l’impudeur de se produire, ce serait se salir les mains ; il fera ce que l’on a fait devant pareilles ordures, on s’en écarte ou on les écarte du pied.