La Législation directe et universelle. IV.(Suite et fin.)Maintenant, afin dêtre plus clair et de mieux faire comprendre toute ma pensée, je vais donner quelques développement aux articles qui le comportent. Art. 1er. (Voir le précédent numéro.) Et, en effet, qui la veut réellement la veut ainsi. Voyons, r[ésonn]ons un peu : Fixeriez-vous à 21 ans lâge de la majorité ! Mais est-ce que tel homme de 20 ans ne peut pas avoir les facultés aussi développées que tel autre de 21 ans ? Est-ce quil nest pas son égal, humainement parlant ? Le fixerez-vous à 20 ans ? Est-ce quil nen est pas de même pour celui de 19, et ainsi pour les autres ? Pour être conséquent, il vous faudrait aussi fixer lâge où le vieillard, perdant de ses facultés et retombant en enfance, ne devra plus voter ; établir des catégories de capacité ; chasser des comices législatifs ceux qui ne savent pas lire, ne savent pas ou savent peu discuter. Est-ce que par hasard les enfants à la mamelle réclameront un bulletin de vote ? Et, dans cette société, vieille de civilisation, où lon rencontre encore, debout et galvanisée par la pile électrique du capital, linstitution fossile de la famille, eh bien, si, pour les enfants dun autre âge, le père exerce une influence désastreuse, est-ce que, sur dautres enfants un autre père ne pourra exercer une influence contraire ? Est-ce quil ny aura pas là une sorte de compensation ? Nierez-vous le droit de la femme ? Mais la femme est un être humain comme lhomme. Ah ! si les bourgeois de 89 ont fait la Révolution à leur profit et à lexclusion des prolétaires, prolétaires, voudriez-vous accomplir la même faute, commettre le même crime en faisant la révolution au profit des hommes et à lexclusion des femmes ? Non, sans doute ; car alors vous seriez, en aveuglement et en infamie, légal de vos maîtres. Et le voleur et lassassin même, et le fou, leur ravirez-vous le droit de vote ? Mais au nom de quel principe ? Est-ce au nom de la liberté, au nom de légalité, au nom de la fraternité, dites ? Eliminer des listes législatives le galérien, lhomme le plus autorisé à se plaindre de la société, nest-ce pas appeler bientôt le tour du prolétaire, cet autre forçat du travail ? Eliminer le fou, nest-ce pas appeler bientôt aussi le tour du libre penseur, sous prétexte dopinions subversives ? Eh ! quest-ce donc, après tout, que quelques bulletins de plus dans lurne ? Que font quelques gouttes deau, un fleuve même au niveau de lOcéan ?... Fixer un âge, une condition quelconque à lexercice de la souveraineté, cest restaurer larbitraire sur ses affûts, cest ouvrir la brèche à toutes les restrictions ; ce sont les " six mois de domicile " de la Constituante qui ont amené fatalement la loi du 31 mai. Pas de milieu : Le principe de la souveraineté du peuple est bon ou il est mauvais ; sil est mauvais, pourquoi en prendre le masque, alors que nous naurions quà le fouler aux pieds, à sortir le droit divin de son puits et à nous mirer dans sa légitimité ? Si, au contraire, il est bon, il faut laffirmer dans son entier, ne pas lestropier, le prendre avec tous ses membres, accepter ses conséquences logiques sous peine de nier le tout en en niant une partie. Lamputer, cest le tuer. Et maintenant, parlera-t-on de limpossibilité ? Limpossibilité... en 1847 ne le disait-on pas aussi du suffrage universel ? 1848 est venu, et le suffrage universel a fonctionné ; il en sera de même de la législation directe. Art. 2 (Voir le précédent numéro.) Je veux la commune libre parce que je suis pour la liberté contre lautorité ; parce que je veux laisser au progrès le champ libre ; parce que si une commune est en avant des autres pour nimporte quelle question dorganisation, il nest pas juste, il est anti-social quelle soit entravée dans lapplication de ses idées. Je la veux souveraine enfin, parce que je veux lunité et non lagglomération... lagglomération, résultat de la contrainte ; lunité, résultat de la liberté. Cest la loi dattraction qui fait graviter les astres dans leur cercle ; cest la loi dattraction qui rattachera les communes à lunité nationale, et, plus tard, les nationalités à lunité universelle. Javais primitivement modifié les circonscriptions communales. " Je veux, disais-je, la commune de 50,000 têtes, parce que chacun y trouve la satisfaction de ses besoins. Je la veux ainsi pour quelle puisse avoir ses écoles et ses invalides, ses théâtres et ses amphithéâtres ; ses bibliothèques, arsenaux de la pensée, et ses machines, armes industrielles et aratoires ; son palais de cristal, corbeille de toutes les productions, et ses jardins publics, écrin de toutes les fleurs ; ses parcs, ses promenades plafonnées de verdure, et ses salons de loisir, ses salons populaires ombragés de soie et de velours ; ses fontaines, ses monuments, ses bains, ses musées, que sais-je encore ?... lutile et lagréable enfin : linstrument de travail et linstrument de plaisir. Mais cette modification, cette augmentation arbitraire des circonscriptions daujourdhui est une complication inutile. Les communes voisines se grouperont naturellement pour opérer à plusieurs ce quune seule ne pourrait faire individuellement. Il faut laisser à lattraction des intérêts linitiative de leurs groupements, le soin de se solidariser. Art. 5 (Voir le précédent numéro.) Le vote sexerce sur toute proposition, absolument comme pour lélection en matière de suffrage universel, soit dun président, si la proposition est dintérêt général, soit dun représentant, si elle est dintérêt local. Et, comme dans les assemblées parlementaires, le peuple, qui est son propre représentant, amende, rejette ou adopte tout ce qui est soumis à ses délibérations.
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Il nest rien de caché qui ne doive être mis à découvert, rien de secret qui ne doive être connu. | |
SAINT-LUC.
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Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira. | |
SAINT-JEAN.
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Linscription universelle assigne à chaque homme sa place, à chaque chose sa valeur, à chaque chiffre son rang ; cest la science des mathématiques appliquées à létude de la politique avec la même certitude quelle est appliquée à létude de lastronomie.
Linscription universelle cest la statistique vérifiée ; la statistique vérifiée cest lordre social errant, ayant enfin trouvé son axe et son orbite.
Linscription universelle, cest le compte ouvert à tout enfant qui naît dans la commune, cest le grand-livre de chaque Etat, grand livre où tout homme a sa page qui sappelle Inscription de vie.
Linscription universelle, cest le vieux régime pénal, condamné par sa propre impuissance, radicalement réformé, heureusement détruit.
Cest le crime châtié par lui-même ;
Cest le vice extirpé par la publicité ;
Cest la conscience transparente ;
Cest la clarté du jour succédant à lombre de la nuit, ombre qui fait pulluler le vice et le crime, le mensonge et la fraude, la dilapidation et la misère, la dépravation et lhypocrisie, tous les excès et toutes les hontes.
Linscription universelle, cest linscription individuelle multipliée autant de fois que la Commune compte dhabitants immatriculés, que lEtat compte de Communes organisées, que le Globe compte dEtats civilisés.
Linscription universelle, en immatriculant lhomme et en lui ouvrant, dans la commune où il est né, un compte constamment tenu à jour, rend les recherches aussi faciles et aussi certaines, quelles le sont devenues lorsquon sest avisé de mettre au coin de chaque rue le nom de la rue, au-dessus de chaque porte le numéro de la porte, ou sur lenveloppe de chaque lettre le nom du destinataire, le nom de lEtat, le nom de la ville, le nom de la rue et le numéro de la maison.
Avant de tomber en rebut, quel trajet et quels détours ne fait pas, quels retards néprouve pas, quelques risques ne court pas une lettre qui porte une indication insuffisante ou inexacte, lettre qui fût arrivée tout droit sans retards et sans risques avec une indication qui eût été exacte et suffisante !
Ce qui a lieu pour un grand nombre de lettres a lieu pour un nombre dindividus infiniment plus grand, individus qui, par limmensité même de leur nombre et lépaisseur de leur obscurité, échappent dans la plupart des circonstances et des actes de leur vie à tout contrôle nécessaire.
Je connais lobjection : elle consiste à dire quun contrôle qui riverait en quelque sorte lindividu à la commune comme la chaîne à lanneau, qui le suivrait partout comme la chaîne qui sallonge sans se rompre, serait la destruction de toute liberté.
Je réponds : Non, ce serait la destruction de toute obscurité. Lhomme de bien qui naurait aucune tare à cacher conserverait sa liberté ; non-seulement il la conserverait entière, mais encore il ne tarderait pas à la posséder plus grande ; le malfaiteur, seul, y perdrait une forte partie de la sienne. Mais depuis quand donc la fausse monnaie est-elle fondée à se plaindre de ce que, la vraie étant trop parfaite, il soit trop difficile et conséquemment trop périlleux de la contrefaire ? Est-ce que la pièce de monnaie qui porte avec elle-même la preuve de sa valeur circule moins librement que si cette valeur nétait pas constatée et quil fallût vérifier le poids et le titre de chaque pièce chaque fois quelle passe dune main dans une autre main ? Non, au contraire, elle circule dautant plus librement, dautant plus sûrement, dautant plus rapidement, quelle est mieux frappée et plus inimitable ?
Lordre, ce nest pas la compression, cest lordre ; mais pour que lordre existe dans une société il faut commencer par ly établir.
Or, lordre social, qui comprend lordre matériel et lordre moral, inséparables lun de lautre, ne sera solidement assis que lorsquil reposera sur linscription universelle.
Alors les bons ne paieront plus pour les mauvais ; alors lhomme de paix, de liberté et de progrès ne sera plus légalement responsable de lhomme de trouble, de dictature ; alors il sera facile de reconnaître et de trier livraie du bon grain ; alors il sera facile de faire la part et le compte de chacun ; alors, chacun étant responsable individuellement de ses actes, aucun ne sera plus injustement solidaire dactes auxquels il aura refusé de sassocier.
Linscription universelle, ce nest donc pas seulement lordre, cest aussi la liberté : la liberté mutuelle scellée par lordre public.
Chaque Commune est aux individus immatriculés ce que le titre, dans un Code, est aux articles ; chaque individu est aux valeurs possédées ce que larticle est au paragraphes. Ainsi, par la Commune sétablit le contrôle et sacquiert la connaissance des personnes, et par les personnes le contrôle et la connaissance des choses. Choses et personnes ont leurs comptes ouverts, aussi exactement tenus et balancés que les comptes courants de la Banque de France.
Chaque extrait de ce compte est ce qui constitue lInscription de vie ou Police générale dassurance, inscription de vie qui remplace :
Lacte
de naissance ;
Le passe-port ;
La carte " législative " ;
Le livret.
La statistique, qui était un mensonge et une illusion, devient une vérité. Tout chiffre porte avec lui sa preuve. La preuve est ce qui en fait la valeur.
Alors la police se fait delle-même et sans agents ; elle est destituée par la statistique : lespionnage, qui démoralise sans éclairer, est remplacé par lenquête qui éclaire sans démoraliser.
Rien de plus simple que la justice pénale telle que je la conçois. Je ne lui demande point dinventer des tortures et des instruments de supplice qui, pour faire briller la vérité dune lueur douteuse, font pâlir lhumanité dune lueur sinistre ; je ne lui demande point de construire des labyrinthes de procédure sous le prétexte menteur de garanties nécessaires à la légitime défense ; non, je ne demande à la justice pénale que dêtre le fait judiciairement constaté ; et alors il suffira, pour quelle devienne la justice absolue, quelle soit la vérité relative.
On conviendra que si la justice humaine se bornait à nêtre plus que la justice pénale, et que si la justice pénale se bornait à nêtre plus que lenquête judiciaire et la constatation publique du fait, elle serait singulièrement simplifiée.
Serait-il plus difficile dêtre arbitre que dêtre juré ? Est-il démontré que le président dassises, dont actuellement la fonction consiste à appliquer la peine à laccusé ou à renvoyer le prévenu de la plainte, ne fasse pas là une chose superflue, après que le jury a prononcé le verdict de condamnation ou dacquittement qui admet ou qui écarte limputation du fait ?
Si la conscience publique était ce que, livrée à elle-même, elle ne tarderait pas à devenir, ne serait-elle pas de tous les juges le plus redoutable et le plus redouté ? Quelles peines seraient à craindre à légal de son blâme, de son mépris, de son exécration, équivalant le plus souvent à lexpatriation pour cause de honte publique ?
Expatriation pour cause de honte publique : Quelle admirable peine, et comme celle-ci relèverait promptement une nation à ses propres yeux dabord, et ensuite aux yeux de tous les autres peuples !
La peine de mort est-elle nécessaire pour que les hommes réunis en société jouissent dune sécurité mutuelle ?
Je nhésite pas à répondre : Non.
Mais ce nest pas seulement la peine de mort qui doit disparaître, cest tout lensemble des mesures de répression.
Mesures qui aggravent le mal au lieu de le diminuer !
Constater le crime commis doit être désormais son seul châtiment, châtiment plus terrible que celui qui consiste à le punir ; mais, de la rigueur de ce châtiment, le coupable ne pourra sen prendre qu ! lui-même : sil le trouve trop dur et trop long, ce sera son affaire de chercher comment, ayant commis la faute, il pourra lexpier, la réparer, leffacer, se la faire pardonner.
En donnant pour unique châtiment au crime commis le crime constaté, que fait la société ?
Elle oblige ainsi le coupable à fuir, au bout du monde, le lieu de sa faute ; elle loblige, non par un texte de loi, mais par limpossibilité absolue de senvelopper dans lombre.
Si la publicité, telle quelle peut être constituée, faisait la lumière dans cette nuit quon appelle la Société, lon naurait plus besoin ni déchafauds ni de bagnes, ni de maisons de force et de correction, ni de Code pénal, ni de jury.
Alors le devoir de la justice serait extrêmement simple, car il se bornerait à constater que tel individu a commis tel jour, en tel lieu, tel meurtre, tel vol, tel faux ou tel autre acte condamné par la conscience publique.
La peine de mort et toutes les peines afflictives pourront être abolies dès que la société sera administrée comme elle peut et comme elle doit lêtre.
Cest dans lindélébilité du crime constaté que doit être la punition du crime commis."
Art. 11. (Voir le précédent numéro.)
Rappeler au souvenir de tous les scènes vexatoires et sanglantes de la police et de larmée nest-ce pas rappeler sur elles lexcommunication civique, la dissolution éternelle ?
La police et larmée !... Eh ! qui donc, aujourdhui encore, ne serait point las de tendre le cou au lacet et au yatagan de ces deux muets du capital, ce sultan aux fibres argentines, aux lubricités métalliques, aux jalousies impitoyables ?
La police, comme la justice, ne doit être que la conscience publique se manifestant librement. Là où la conscience publique est libre la police na pas de raison dêtre. Chacun participant individuellement de la conscience publique, il sen suit que chaque conscience individuelle devient à soi-même son propre agent de police.
Larmée, en tant que force organisée pour le soutien de lAutorité et la guerre contre la Liberté à lintérieur comme à lextérieur, doit disparaître. Tout homme doit être homme darmes quand la commune ou les communes unies, quand la chose publique est menacée. La fonction de légitime défense ne sauraient se déléguer. Cest, en régime de législation directe et universelle, un droit et un devoir comme celui de faire la loi, une dette personnelle et physique que chacun est tenu dacquitter volontairement quand il y a danger à lintérieur comme à lextérieur. Chaque commune, à la rigueur, pourrait avoir ses cours de maniement darmes, de tir au fusil et au canon et de[x]crime à la baïonnette. Certaines communes du centre pourraient même avoir des écoles spéciales pour le génie et lartillerie. Certaines autres, comme les principaux ports-de-mer, pourraient aussi avoir des écoles de marines guerrière. Mais aucune ne pourrait avoir une organisation militaire de gens soldés, une force disciplinées de soldats, ces prétoriens forcés de tous les Césars passés, présents et futurs.
Le mieux même serait de supprimer tous ces exercices belliqueux. Il est toujours dangereux dhabituer les peuples daujourdhui, ces grands enfants, à jouer au soldat. Lesprit public se chauvinise, se crétinise ainsi. Les fils héritent du goût des pères pour ces sortes de mascarades tragi-comiques et, pour répondre dans le moment présent à un danger souvent imaginaire, on crée pour la génération à venir un danger très réel, le danger de lhébêtement en masse. Du reste et après tout, un peuple comme un homme est toujours fort, fut-il conscrit au maniement des armes, quand il a dans le cur et dans le cerveau lamour et lintelligence de la liberté ! A la fonte donc ! tous les canons rayés ou non. Transformons-les, comme la guillotine, cet autre engin de meurtre, en instruments de production. Révolutionnaires de France, voulons-[vous] être fort dans la lutte suprême de la Liberté contre lAutorité ? voulons-[vous] triompher des ennemis du dedans comme des ennemis du dehors ? Eh bien ! à la prochaine proclamation de la République, donnons au monde un grand exemple : brûlons nos forteresses, comme les anciens brûlaient leurs vaisseaux !... Plaçons-nous dans la nécessité de vaincre ou de mourir. Il ny a de prudents que les imprudents ! Rappelez-vous les barricades de Juin, ce sont elles qui ont perdu linsurrection. Sans ces remparts de pavés, quil avait élevé de ses mains, le prolétariat ne serait pas resté à en veiller les créneaux dans se faubourgs, il aurait marché sur lHôtel-de-Ville, sur le Palais-Bourbon ; et, son nombre et son audace aidant, il serait sorti vainqueur de la lutte. Cest comme dernièrement en Italie, un remarque que dautres auront pu faire comme moi : Les soldats autrichiens étaient-ils à labri de retranchements presque inexpugnables, soi-disant, ils ne pouvaient résister à lassaut des soldats français. Ce quil y a de curieux, cest que ces mêmes Français, à labri des mêmes retranchements dont ils avaient délogé les Autrichiens, ne pouvaient, à leur tour résister à lassaut de ces mêmes Autrichiens, qui pourtant sétaient laissés déloger par eux linstant dauparavant. Des positions ont ainsi été prises et reprises six à sept fois, témoignant avec lautorité de lévidence contre le préjugé des fortifications. Si javais été le généralissime autrichien, jaurais fait raser toutes les places-fortes encore en mon pouvoir, jusques et y compris le fameux quadrilatère. Ceût été, jen suis sûr, un moyen de lutter avec plus de chance de succès contre la furiosa francesca. En définitive, si dans une guerre comme celle-là, une guerre dintrigue, les forteresses sont une cause de perdition pour ceux qui les occupent, elles sont dune utilité bien autrement douteuse dans une guerre de principe où la force morale est dun bien plus grand secours que la force brutale, où lénergie de pensée centuple la puissance de laction.
Quant aux guerres révolutionnaires à lintérieur ; en ce qui touche aux secours fraternitaires demandés par dautres peuples en insurrection contre leur roi, leur clergé ou leur bourgeoisie ; ce sont des associations de volontaires qui devront sorganiser entre eux à la frontière et sentendre avec les peuples insurgés qui les auront appelés ; à peu près comme les armées industrielles qui entreprendront le percement dune montagne, le creusement dun canal ou le dessèchement dun marais.
Art. 12. (Voir le précédent numéro.)
Lenseignement gratuit ; une indemnité allouée aux prolétaire qui suivront les cours et aux parents des jeunes élèves, ou lenfant nourri, vêtu, couché dans une maison spéciale, aérée, spacieuse et ouverte à la vie extérieure, au lieu de lenseignement à prix dor et de la claustration des coll[é]ges.
Lenseignement libre. Chacun pouvant professer. Cest-à-dire lessor donné au progrès. De nouvelles méthodes et de nouveaux plans détudes sortant des limbes de la théorie et venant demander et venant recevoir de la lumière de la publicité le baptême de lexpérience. Lenseignement des langues vivantes, par exemple, substitué pour le plus grand nombre à lenseignement des langues mortes. Linstruction professionnelle et sociale substituée à linstruction bourgeoise et avocassière. Létude attrayante remplaçant létude abrutissante. Les ignorantins du Catholicisme et de lUniversité, les boutiquiers dinstruction et déducation tués, enterrés par la rude concurrence de la gratuité, de la liberté et de la vérité de lenseignement. Tous ces marchands de prières et damulettes, sous prétexte déducation ; tous ces marchands de soupe ou de papier, sous prétexte dinstruction, chassés par le délaissement, du temple de la science. Linstituteur créé pour lélève et non plus lélève créé pour linstituteur.
" Article additionnel. " (Voir le précédent numéro.)
Parce que nul ne peut être contraint à subir les lois quil na pas faites et que, contre de pareilles lois, " linsurrection est le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. "
Cest au peuple, sil veut des lois, et une fois en possession du mécanisme de la législation directe, à mettre en ébullition toutes ses intelligences et à faire fonctionner tous ses rouages.
Oh ! comme le plan des mains de lingénieur dans latelier de construction, que la législation directe nest-elle pas passé du droit dans le fait ; que nest-elle en mouvement au service de la souveraineté du peuple !
Oh ! se fait-on idée dune organisation révolutionnaire de la force dimpulsion de 36 millions de têtes !
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