Interruptions châtiées.

On célèbre en ce moment à New-York les anniversaires selon la coutume consacrée. Les abolitionnistes et les partisans de l’émancipation de la femme ont aussi pris part à la fête. Dans une assemblée de ces derniers, il paraît que, comme cela n’arrive que trop souvent dans la ville impériale, bon nombre de loafers s’étaient introduits dans la salle pour y jeter le désordre. L’un d’eux interrompit, du haut de la galerie, Mme Célestine Rose , au milieu de son discours sur l’éducation des femmes. Elle répliqua : " Si les femmes étaient élevées comme elles devraient l’être, elles sauraient aussi mieux élever leurs enfants, et le jeune monsieur qui vient de m’interrompre saurai[en]t comment il doit se comporter envers notre sexe. "

Wendell Philipps tança non moins vertement un autre mauvais sujet. Il était occupé à démontrer que pendre une femme est un meurtre, parce que la femme ne prend aucune part à la législation, lorsqu’il fut interrompu par cette question :

" Est-ce un meurtre de pendre un nègre ? "

Philipps répliqua : " La différence entre un nègre et le vaurien qui vient de parler, consiste en ceci : que le nègre à la peau noire, tandis que le vaurien a le cœur noir : que celui-là cherche la liberté au péril de sa vie, tandis que celui-ci resterait volontiers dans l’esclavage ; que celui-là est un homme, tandis que celui-ci est une brute. "


 

[article à imprimer]


 
[article précédent]  [article suivant]  [sommaire du n°14]  [accueil]