L’EMPIRE FRANÇAIS.

Tel est le titre d’un nouveau journal charivarique et littéraire, dont nous avons reçu le prospectus spécimen. Son rédacteur en chef, Faustin, le Testut, nous est connu de réputation. New-York et surtout la Nouvelle-Orléans ont retenti du bruit de ses exploits. Comme le rédacteur-gérant de l’Empire français de France, empire grand format, celui de New-York, s’il n’a pas encore sauvé la propriété, a déjà plusieurs fois sauvé la caisse... Oh ! c’est un personnage au-dessus des préjugés. Et quelle que soit la manière drôlatique** avec laquelle il entre en lice, il ne faut voir là-dedans qu’une spirituelle critique à l’adresse de ceux qu’il n’a l’air de caresser que pour les mieux déchirer. Autrement, jamais ours n’aurait lancé de tels pavés à la tête de son maître. Mieux vaudrait pour l’Amateur des Jardins de Fontainebleau un franc ennemi qu’un aussi maladroit ami. Ce petit homme — "oh ! qu’il est gai !" — a maintes fois en Amérique rédigé des constitutions de feuilles périodiques, voire même celle de l’Avenir, amis, comme il le dit lui-même : " Les Constitutions sont faites pour être violées."

(..... moi, je m’en ....

Ma foi, moi, je m’en ris !)

C’était aussi l’avis du Cousin de France avant le Deux-Décembre. Mais depuis, je le soupçonne fort d’avoir changé d’opinion et de goûter très-médiocrement un argument que les gens de sa bonne ville de Paris pourraient quelque jour retourner contre lui.

Vrai de vrai, on ne saurait persiffler** et charivariser plus abominablement l’hôte des Tuileries, que ne le fait ce nouveau Soulouque. L’empire illustré d’Haïti étant coulé, il fallait bien qu’un autre le remplaçât. C’est pour répondre au vide immense laissé, par cette disparition, dans l’esprit des Français nés malins, que le plus noir des vaudevillistes, noir de robe et non de peau, a créé l’empire-folie-comique, revue de fin de règne, où est exhibé et caricaturé tout l’empire-mélodrame, Coup-d’Etat en saints actes précédé d’un prologue, depuis " l’Oncle mort aux îles" jusqu’à Badinguet, son neveu, petit bonhomme qui vit encore et qui, dans la parodie, porte le nom de " Gulliver," et le titre de César par la grâce de Dieu et la volonté des Li[l]liputiens ; ce dont l’auteur, du reste, nous dit qu’il est tout “ ébahi." — Je le crois, parbleu bien ; on le serait à moins. Satané farceur, va !

Espérons que l’Empire Français de France acceptera l’échange avec l’Empire Français de New-York, bien que par les mœurs et bon goût modestement il brille ; qu’il n’en interdira pas la représentation sur son territoire ; et que les maires en permettrons la lecture à leurs administrés.

Oh ! qu’il est gai, oh ! qu’il est gai, le petit... Empire Français !


 

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