Le Drapeau et Le Bien-Être Social.

L’espace nous a manqué pour parler dans notre dernier numéro de la fusion du "Drapeau" et du "Bien-Etre Social."

C’est avec peine que le "Libertaire" a lu dans les deux feuilles belges l’explication donnée à ce fait par ses anciens et ses récents amis du "Bien-Etre Social." Il est fâcheux que les deux journaux n’aient pu continuer séparément et concurremment leur publication (car toutes les propagandes révolutionnaires, à quelque nuance qu’elles appartiennent, servent la Révolution). Des difficultés pécuniaires les en ont empêchés, je le veux bien. Ils ont cru devoir se fondre en un seul, c’était leur droit. Mais est-il d’une rigidité exempte de tout reproche de déclarer que les deux rédactions poursuivaient le même but, avaient une idée identique ? Evidemment le contraire saute aux yeux, et vous en conviendrez avec moi. Le "Drapeau" n’était que démocrate, et le "Bien-Etre Social," lui, est socialiste. Pour que le rapprochement eût lieu, il fallait que le "Drapeau" fît un pas en avant ou le "Bien-Etre Social"un pas en arrière. Loin de moi la pensée que le "Bien-Etre Social" ait reculé ; j’aime mieux, pour l’honneur de tous, croire que c’est le "Drapeau" qui a avancé. Mais alors pourquoi le taire, pourquoi dissimuler ? Pourquoi ne pas le dire, hautement, franchement, catégoriquement.

Amis, — et je l’atteste avec plaisir, — tout dans votre nouvelle rédaction autorise cette opinion, que ce ne sont pas les anciens mais les récents collaborateurs au "Bien-Etre Social" qui ont changé. Il n’y a aucune honte à progresser, bien au contraire ! Aussi ne devons-nous pas, par excès de courtoisie les uns envers les autres, céder à des préjugés d’étiquette, à des convenances surannées, et nous dispenser de rendre naïf et sincère hommage à l’exacte vérité.

Sans rancune donc, amis. Je serais désolé que, dans les lignes qui précèdent, on y vit autre chose que le désir de vous mettre en garde contre votre propre générosité de cœur. J’aime à penser que vous excuserez une objection qui m’a paru utile. Et, la main dans la main, je vous le dis, si en quelque chose, aujourd’hui, demain ou hier, il vous semble que je m’écarte du strict bon chemin, à votre tour, et de votre voix fraternelle, criez-moi : Casse-cou !

"Un homme averti en vaut deux."


 

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