AVIS

NON MOINS IMPORTANT QUE LE DERNIER.

Le Libertaire a reçu quelque argent ; pas assez pour lui assurer le capital de beaucoup de numéros, mais assez pour prouver que sa voix n’est pas la voix prêchant dans le désert, et que l’idée dont il est l’organe a de l’écho dans le monde. D’ailleurs il est habitué à la légèreté de son escarcelle, et il ne s’en effraie pas trop. Pèlerin du Socialisme et qui a pour madone la Liberté, n’a-t-il pas, il y vingt-trois mois, commencé son œuvre la bourse et les mains vides ? Pour payer l’impression de son premier numéros, il a dû avoir recours aux cotisations préalables d’une trentaine de révolutionnaires ; encore ne lui ont-ils pas tous donné leur obole en souriant. Depuis il continue à vivre au jour le jour, sans savoir la veille s’il aura le sou le lendemain ; et le lendemain, qui est le Progrès, lui donne toujours pâture...

C’est sa philosophie à lui de compter sur l’avenir, et de narguer le passé, cette chimère, et le présent qui passe, cette autre chimère.

La goutte de sympathie et la manne d’or ne lui ont pas encore fait défaut cette fois ; pourquoi aurait-il tant de souci des numéros suivants ? Le Libertaire vit et il vivra.

— Gloire à toi, Liberté !

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