Bourgeois contre Bourgeois

 

Un des rédacteurs du Figaro s’étant permis d’innocentes railleries envers MM. les sous-lieutenants de France, ceux-ci firent éclater sur le pékin une fusillade de lettres plus ou moins insultantes. Le manieur de plume prit un de ces manieurs d’épée par les pans de son style, le déboutonna en effigie, et, tout en lui conservant la chemise de l’anonyme, lui administra une bonne cinglée dans un des coins du journal. Furieux de la correction, les bourgeois militaires décidèrent la mort du bourgeois littéraire ; et 20 disent les uns, 43 disent les autres, marchèrent résolument à la rencontre du coupable écrivain. Un simulacre de duel eut lieu, et il s’en suivit un lâche assassinat.

Bourgeois, mes bons bourgeois, vous avez voulu le règne du sabre, tant pis pour vous, mes chers agneaux. Mais il faut le subir...ou le briser. – Le choix vous embarrasse, je le sais. Vous voudriez pouvoir bêler contre le berger et les chiens, mais vous avez peur du loup. Il n’y a pas de milieu, pourtant : ou le césarisme ou la sociale ! Chaque jour d’hésitation est un péril de plus que vous accumulez sur vos têtes.


 

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