ANNEXE IV

Contre la destruction des presses mécaniques (Février 48).

 

Déjacque avait été l’un des vingt-neuf signataires d’un placard affiché sur les murs de Paris par les membres du journal ouvrier l’Atelier :

« 25 février, six heures du soir / AUX OUVRIERS ! / FRERES ! / Nous apprenons qu’au milieu de la joie du triomphe, quelques uns des nôtres, égarés par de perfides conseils, veulent ternir la gloire de notre Révolution par des excès que nous repoussons de toute notre énergie. Ils veulent briser les presses mécaniques ; / FRERES ! Ceux-là ont tort ! Nous souffrons comme eux des perturbations qu’a amenées l’introduction des machines dans l’industrie ; mais au lieu de nous en prendre aux inventions qui abrègent le travail, et multiplient la production, n’accusons de nos douleurs que les gouvernements égoïstes et imprévoyants. / Il ne peut plus en être de même à l’avenir ; / Respect donc aux machines ! D’ailleurs, s’attaquer aux presses mécaniques, c’est ralentir, c’est étouffer la voix de la révolution, c’est, dans les graves circonstances où nous sommes, faire œuvre de mauvais citoyens. / Les ouvriers sous-signés délégués : (…). » [Parmi eux, dix imprimeurs, trois tailleurs, trois teneurs de livres, deux horlogers-mécaniciens, deux bijoutiers et neufs représentants isolés de divers corps de métiers.]

(Les Murailles révolutionnaires de 1848, Pièces et documents recueillis et mis en ordre par Charles Boutin, Paris, 1868, E. Picard éd., 552 p., p. 48).

On lit par ailleurs dans le premier numéro (27 février 1848) du Salut Public, éphémère journal de Champfleury, Baudelaire et Toubin, sous le titre Les Presses Mécaniques, le paragraphe suivant :

« Quelques frères égarés ont brisé des presses mécaniques. Vous cassez les outils de la Révolution. Avec la liberté de la presse, il y aurait vingt fois plus de presses mécaniques qu’il n’y aurait peut-être pas encore assez de bras pour les faire fonctionner. Toute mécanique est sacrée comme un objet d’art. L’intelligence nous a été donnée pour nous sauver. Toute mécanique ou tout produit de l’intelligence ne fait du mal qu’administré par un gouvernement infâme. Les autres ouvriers ont protesté, entre autres les rédacteurs du journal L’Atelier. Nous attendions cela d’eux. »

(Baudelaire, Œuvres complètes, Tome II, La Pléiade, p. 1030).


[article à imprimer] 

[accueil]   [le libertaire]