ANNEXE III
Déjacque contre Hugo, Jersey, 1853.
En exil à Londres, Jeanne Deroin annonçait
ainsi, dans sa publication féministe Almanach des Femmes,
seconde année, Women's Almanach, 1853-1854 (London-Jersey,
239p.+122 p., In-16) la disparition de Louise Julien : «
Aujourd'hui , [après Pauline Roland], c'est Louise Julien, la
femme poète aimée des prolétaires, parce qu'elle
était inspirée par l'amour de la liberté et de
l'humanité, et par la compassion pour les souffrances de ses
frères. (
) Quelques détails sur les persécutions
dont elle a été victime sont donnés par la voix
éloquente du grand poète [Hugo] dont nous insérons
le discours, ainsi que celui du citoyen J.Déjacque. L'affirmation
du droit de la femme, si noblement exprimé sur la tombe de notre
soeur et amie par ces deux citoyens, est le plus digne hommage que l'on
puisse rendre à la mémoire de cette martyre dévouée
de la sainte cause sociale. »
Un poème de Louise Julien (72 vers en 12 strophes),
daté de Londres, 28 mai 1853, Au revoir, à toujours,
« vers dédiés à mon amie Jeanne Deroin »,
était publié à la suite des deux discours.
***
DISCOURS
Prononcé le 26 juillet 1853,
Sur la tombe de Louise Julien, proscrite,
PAR JOSEPH DEJACQUE
Encore une fosse qui s'ouvre... Et cette fois, ce n'est pas un homme,
c'est une femme que l'exil... que le cirque dévore aux applaudissements
de César et de ses cohues prétoriennes.
Pauvre et valeureuse femme, humble martyr d'une idée, qui, comme
il y a dix-huit siècles l'idée Chrétienne, idée
révolutionnaire alors, - s'élève à son tour
sur le tronçon des vieilles idoles, héroïque apôtre
de la révolution sociale, femme-Christ ! non, ta mort n'aura
pas été inutile à la rénovation de la société.
Il fallait, hélas ! que des femmes, elles aussi, subissent les
tortures de la prison et de l'exil, qu'elles fussent crucifiées
par les réactions dictatoriales pour racheter par la souffrance
et la mort, - par la lutte, - leurs soeurs de la soumission à
l'homme, du péché d'esclavage.
Oh ! vienne la République, et qui donc maintenant oserait contester
des droits égaux à celles qui ont scellée de leur
liberté et de leur sang la confession de leur foi révolutionnaire.
Aujourd'hui, c'est une obscure citoyenne, un coeur et un front de poète
; c'est une faible voix de femme ensevelie dans les profondeurs du prolétariat,
mais une voix aiguisée par l'idée, une voix-stylet, qui
fait pâlir le crime heureux et trembler un trône hérissé
de milliers de canons et de cent milliers de baïonnettes ! C'est
une femme malade et infirme et qui, - le corps appuyé sur sa
béquille, l'âme étayée d'une pensée
d'avenir, - brave un sceptre, rompt sous l'effort, mais ne ploie pas...
Hier, c'était Pauline Roland succombant, comme Louise Julien,
au sanglant gibet de la force brutale ; touchantes et sublimes rivales
en héroïques sacrifices, vaincues ? non : tuées dans
la lutte corporelle, mais vivantes et impérissables au martyrologe
du socialisme, mais triomphantes et radieuses sous leur auréole
de suppliciées par la propagande qui gagne les esprits et les
coeurs au navrant et douloureux spectacle de leur agonie et de leur
fin.
Mais ce n'est pas d'aujourd'hui seulement ni d'hier que la femme du
progrès, la femme, cette nature sensible et frêle,
paye au minotaure de la résistance son tribut de sang
et de larmes ! Il y a quelques années à peine,
sous un autre Césarisme, c'étaient des ouvrières
socialistes, de chastes jeunes filles, de dignes mères aussi,
qu'on jetait en pâture aux sentines des prisons, à ces
monstres de pierre et de fange qui s'appellent St.-Lazare et Clairvaux
! J'ai vu en 49, chose horrible ! - une malheureuse mère rendue
à la liberté et, cruelle ironie, - à ses affections,
je l'ai vue redemander en vain les deux petits enfants qu'on lui avait
arraché des bras le jour où elle et son mari étaient
jetés chacun dans un des cabanons de la préfecture : les
souteneurs de la famille ne savaient plus ce qu'ils en avaient fait...
Eh bien ! malgré cette épouvantable immolation, de cette
boucherie de la chair et des sentiments humains que tous les gouvernements
qui passent font saigner sur l'autel de la vieille société,
ô adorateurs de la force, en est-il donc un de ces gouvernements
sauveurs qui ait su se sauver lui-même depuis soixante ans ? Les
insensés, ils vouent à la persécution jusqu'aux
femmes, et ils ne s'aperçoivent pas que c'est surtout par le
martyre des femmes que jadis le Christianisme a dû d'envahir les
populations païennes, et que le Socialisme, lui, conquerra les
masses populaires.
Avant que cette terre ne recouvre ton linceuil, ô Louise Julien,
je te salue, femme, pour toutes les femmes qui, comme toi, brisant par
le coeur et la pensée le cercle étroit de la petite famille,
ce carcan qui étreint à la gorge les sentiments sociaux,
- s'élancent au sein de la grande famille humaine et y répandent
leur ineffable et prodigue amour, cet amour infini que le Christ, en
expirant sur la croix, exhala dans un dernier soupir.
O toi dont il a fallu la mort pour nous apprendre la vie, soeur, que
peu de nous ont connue, va ! ce n'est pas le sombre oubli, l'ange funèbre
qui a soufflé sur tes yeux aujourd'hui fermés, c'est celui
du souvenir, c'est l'ange de la renommée qui, te couchant sur
sa robe de lumière, t'a baisée au front en déployant
ses ailes.
Ceux-là meurent qui, ayant vécu mûrés dans
un coin de leur être, descendent au cercueil enveloppés
dans leur imbécile égoïsme ; mais quand on a vécu
dans l'humanité et pour l'humanité ; quand on a laissé
de son coeur dans tous les coeurs, de ses larmes sur toutes les misères,
de son sang dans toutes les hécatombes, oh ! alors, on ne meurt
pas : la tombe n'est que le berceau de l'immortalité.
Sur cette tombe dont le fossoyeur n'est pas ici, mais aux Tuileries,
mais dans les salons de l'aristocratie, mais sous le froc du prêtre
et le frac guerrier, mais sur les dalles de la Bourse et le parquet
des boutiques, sous le crâne rétréci du mercantilisme
et de l'agio ; sur cette tombe, eh bien ! non, nous n'évoquerons
point les furies de la vengeance. À quoi bon ? Le socialisme,
lui, ne se venge pas ; il détruit les obstacles, hommes ou choses,
- sans regarder à leur passé : il ne châtie pas,
il déblaie. Mais, ô victime que nous pleurons, je veux
du moins t'embaumer dans ce voeu que je forme : et c'est de travailler
sans relâche et de toutes mes forces à la réalisation
de ton rêve, à l'édification de ton idée
; c'est, - contrairement au paganisme qui niait une des faces de la
nature humaine, au christianisme qui nie l'autre, - c'est selon
la science nouvelle qui comprend l'homme avec toutes ses sensations
physiques et morales, l'être humain tout entier, - c'est, dis-je,
d'unir partout et toujours la cause des prolétaire à celle
des femmes, l'émancipation, l'affranchissment des uns à
l'émancipation, à l'afranchissement des autres ; c'est
de pousser tous les opprimés du sabre et du coffre-fort, de la
toge et du goupillon, les déshérités de notre enfer
terrestre, à la haine et au mépris des exploiteurs ; c'est
d'employer au service de la révolution sociale, au triomphe de
l'idée égalitaire, la pensée et la parole, le bras
et l'action, l'encre et le salpêtre ; c'est de marcher enfin au
renversement de la vieille société et à la terre
promise de la liberté et de l'harmonie, le flambeau d'une main
et le glaive de l'autre : d'un côté la lumière pour
la répandre, de l'autre le fer pour lui ouvrier et lui garder
le chemin.
VIVE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
ET SOCIALE !
***
Discours de VICTOR HUGO
Sur la tombe de Louise Julien, proscrite,
morte à Jersey
CITOYENS,
Trois cercueils en quatre mois.
La mort se hâte et Dieu nous délivre un à un.
Nous te taccusons pas, nous te remercions, Dieu puissant qui
nous rouvres, à nous exilés, les portes de la patrie éternelle.
Cette fois, lêtre inanimé et cher que nous apportons
à la tombe, cest une femme.
Le 21 janvier 1853, une femme fur arrêtée
chez elle par le sieur Boudrot, commissaire de police à Paris.
Cette femme, jeune encore, elle avait trente-cinq ans, mais estropiée
et infirme, fut envoyée à la Préfecture et renfermée
dans la cellule n°1, dite cellule dessai. Cette cellule,
sorte ce cage de sept à huit pieds carrés à peu
près, sans air et sans jour la malheureuse prisonnière
la peinte dun mot ; elle lappelle : cellule-tombeau
; elle dit, je cite ses propres paroles : cest dans
cette cellule-tombeau questropiée, malade, jai passé
vingt et un jours, collant mes lèvres dheure en heure contre
le treillage pour aspirer un peu dair vital et ne pas mourir.
(1). Au bout de vingt et un jours, le 14 février, le gouvernement
de Décembre mit cette femme dehors et lexpulsa. Il la jeta
à la fois hors de la prison et hors de la patrie. La proscrite
sortait du cachot dessai avec les germes de la phtisie. Elle quitta
la France et gagna la Belgique. Le dénuement la força
de voyager, toussant, crachant le sang, les poumons malades, en plein
hiver, dans le nord, sous la pluie et la neige, dans ces affreux wagons
découverts qui déshonorent les riches entreprises des
chemins de fer. Elle arriva à Ostende ; elle était chassée
de France, la Belgique la chassa. Elle passa en Angleterre. A peine
débarquée à Londres, elle se mit au lit. La maladie,
contractée dans le cachot, aggravée par le voyage forcé
de lexil, était devenue menaçante. La proscrite,
je devrais dire la condamnée à mort, resta gisante deux
mois et demi. Puis, espérant un peu de printemps et de soleil,
elle vint à Jersey. On se souvient encore de ly avoir vue
arriver par une froide matinée pluvieuse, à travers les
brumes de la mer, râlant et grelotant sous sa pauvre robe de toile,
toute mouillée. Peu de jours après son arrivée,
elle se coucha ; elle ne sest plus jamais relevée.
Il y a trois jours elle est morte.
Vous me demanderez ce quétait cette femme et ce quelle
avait fait pour être traitée ainsi ; je vais vous le dire
:
Cette femme, par des chansons patriotiques, par de sympathiques et
cordiales paroles, par de bonnes et civiques actions, avait rendu célèbre,
dans les faubourgs de Paris, le nom de Louise Julien sous lequel le
peuple la connaissait et la saluait. Ouvrière, elle avait nourri
sa mère malade ; elle la soignée et soutenue pendant
dix ans. Dans les jours de luttes civiles, elle faisait de la charpie
; et boiteuse et se traînant, elle allait dans les ambulances,
et soignait les blessés de tous les partis. Cette femme du peuple
était un poète, cette femme du peuple était un
esprit ; elle chantait la république, elle aimait la liberté,
elle appelait ardemment lavenir fraternel de toutes les nations
et de tous les hommes ; elle croyait à Dieu, au peuple, au progrès,
à la France ; elle versait autour delle, comme un vase,
dans les esprits des prolétaires, son grand cur plein damour
et de foi. Voilà ce que faisait cette femme. M. Bonaparte la
tuée.
Ah ! une telle tombe nest pas muette ; elle est pleine de sanglots,
de gémissement et de clameurs.
Citoyens, les peuples, dans le légitime orgueil de leur toute
puissance, de leur droit, construisent, avec le granit et le marbre,
des enceintes majestueuses, des estrades sublimes, du haut desquelles
parle leur génie, du haut desquelles se répandent à
flot dans les âmes, les éloquences saintes du patriotisme,
du progrès et de la liberté ; les peuples, simaginant
quil suffit dêtre souverain pour être invincibles,
croient inaccessibles et imprenables ces citadelles de la parole, ces
forteresses sacrées de lintelligence humaine et de la civilisation,
et ils disent : la tribune est indestructible. Ils se trompent ; ces
tribunes là peuvent être renversées. Un traître
vient, des soldats arrivent, une bande de brigands se concerte, se démasque,
fait feu, et le sanctuaire est envahi, et la pierre et le marbre sont
dispersés, et le palais, et les temples où la grande nation
parlait au monde, sécroulent, et limmonde tyran vainqueur
sapplaudit, bat des mains et dit : cest fini. Personne de
parlera plus. Pas une voix ne sélèvera désormais.
Le silence est fait. Citoyens !à son tour le tyran se
trompe. Dieu ne veut pas que le silence se fasse ; Dieu ne veut pas
que la liberté, qui est son verbe, se taise. Citoyens ! au moment
où les despotes triomphants croient la leur avoir ôtée
à jamais, Dieu redonne la parole aux idées. Cette tribune
détruite, il la reconstruit. Non au milieu de la place publique,
non pas avec le granit et le marbre, il nen a pas besoin. Il la
reconstruit dans la solitude ; il la reconstruit avec lherbe des
cimetières, avec lombre des cyprès, avec le monticule
sinistre que font les cercueils cachés sous la terre ; et de
cette solitude, de cette herbe, de ces cyprès, de ces cercueils
disparus, savez-vous ce qui sort, citoyens ? Il en sort le cri déchirant
de lhumanité, il en sort la dénonciation et le témoignage,
il en sort laccusation inexorable qui fait pâlir laccusé
couronné, il en sort la formidable protestation des morts ! Il
en sort la voix vengeresse, la voix inextinguible, la voix quon
nétouffe pas, la voix quon ne baillonne pas !
Ah ! M. Bonaparte a fait raire la tribune, ; cest bien ; maintenant,
quil fasse donc taire le tombeau !
Lui et ses pareils nauront rien fait tant quon entendra
sortir un soupir dune tombe, et tant quon verra rouler une
larme dans les yeux augustes de la pitié.
Pitié !
ce mot que je viens de prononcer, il a jailli
au plus profond de mes entrailles devant ce cercueil, cercueil dune
femme, cercueil dune sur, cercueil dune martyre !
Pauline Roland en Afrique, Louise Julien à Jersey, Francesca
Maderspach à Temeswar, Blanca Téléki à Pesth,
tant dautres, Rosalie Gobert, Eugénie Guillemot, Augustine
Péan, Blanche Clouart, Joséphine Prabeil, Elizabeth Parlès,
Marie Reviel, Claudine Hibruit, Anne Sangla, veuve Combescure, Armandine
Huet, et tant dautres encore, soeurs, mère, filles, épouses,
proscrites, exilées, transportées, torturées, suppliciées,
crucifiées, ô pauvres femmes ! Oh ! quel sujet de larmes
profondes et dinexprimables attendrissements ! Faibles, souffrantes,
malades, arrachées à leur famille, à leurs maris,
à leurs parents, à leurs soutiens, vieilles quelquefois
et brisées par lâge, toutes ont été
des héroïnes, plusieurs ont été des héros
! Oh ! ma pensée en ce moment se précipité dans
ce sépulcre et baise les pieds froids de cette morte dans son
cercueil ! Ce nest pas une femme que je vénère dans
Luise julien, cest la femme ; la femme de nos jours, la femme
digne de devenir citoyenne ; la femme telle que nous la voyons autour
de nous, dans tout son dévouement, dans toute sa douceur, dans
tout son sacrifice, dans toute sa majesté ! Amis, dans les temps
futurs, dans cette belle, et paisible, et tendre, et fraternelle république
sociale de lavenir, le rôle de la femme sera grand ; mais
quel magnifique prélude à ce rôle que de tels martyres
si vaillamment endurés ! Hommes et citoyens, nous avons dit plus
dune fois dans notre orgueil : le dix-huitième siècle
a proclamé le droit de lhomme : le dix-neuvième
proclamera le droit de la femme : mais, il faut lavouer,
citoyens, nous ne nous sommes point hâtés ; beaucoup de
considérations, qui étaient graves, jen conviens,
et qui voulaient être mûrement examinées, nous ont
arrêtés ; et à linstant où je parle,
au point même où le progrès est parvenu, parmi les
meilleurs Républicains, par mi les démocrates les plus
vrais et les plus purs, bien des esprits excellents hésitent
encore à admettre dans lhomme et dans la femme légalité
de lâme humaine, et par conséquent lassimilation,
sinon lidentité complète, des droits civiques. Disons-le
bien haut, citoyens, tant que la prospérité a duré,
tant que la République a été debout, les femmes
ont été oubliés par nous, se sont oubliées
elles-mêmes ; elles se sont bornées à rayonner comme
la lumière ; à échauffer les esprits ; à
attendrit les coeurs, à éveiller les enthousiasmes, à
montrer du doigt à tous le bon, le juste, le grand et le vrai.
Elle nont rien ambitionné au-delà. Elle qui, par
moment, sont limage de la patrie vivante, elles qui pouvaient
être lâme de la cité, elles ont été
simplement lâme de la famille. A lheure de ladversité,
leur attitude a changé ; elles ont cessé dêtre
modestes. A lheure de ladversité, elles nous ont
dit : Nous ne savons pas si nous avons droit à votre puissance,
à votre liberté, à votre grandeur ; mais ce que
nous savons, cest que nous avons droit à votre misère.
Partager vos souffrances, vos accablements, vos dénuements, vos
détresses, vos renoncements, votre exil, votre abandon si vous
êtes sans asile, votre faim si vous êtes sans pain, cest
là le droit de la femme, et nous le réclamons.
Ô mes frères ! et les voilà qui nous suivent dans
le combat, qui nous accompagnent dans la proscription, et qui nous devancent
dans le tombeau !
Citoyens, puisque cette fois encore vous avez voulu que je parlasse
en votre nom, puisque votre mandat donne à ma voix lautorité
qui manquerait à une parole isolée, ; sur la tombe de
Louise Julien, comme il y a trois mois, sur la tombe de Jean Bouquet,
le dernier cri que je veux jeter, cest le cri de courage, dinsurrection
et despérance !
Oui, des cercueils comme celui de cette noble femme qui est là,
signifient et prédisent la chute prochaine des bourreaux, linévitable
écroulement des despotismes et des despotes. La proscrits meurent
lun après lautre ; le tyran creuse leur fosse ; mais
à un jour venu, citoyens, la fosse tout-à-coup attire
et engloutit le fossoyeur.
Ô morts qui mentourez, et qui mécoutez, malédiction
à Louis Bonaparte ! Ô morts, exécration à
cet homme ! Pas déchafauds quand viendra la victoire, mais
longue et infamante expiation à ce misérable ! Malédiction
sous tous les cieux, sous tous les climats, en France, en Autriche,
en Lombardie, en Sicile, à Rome, en Pologne, en Hongrie, malédiction
aux violateurs du droit humain et de la loi divine ! Malédiction
aux pourvoyeurs des pontons, aux dresseurs de gibets, aux destructeurs
des familles, aux tourmenteurs des peuples ! Malédiction aux
proscripteurs des pères, des mères et des enfants ! Malédiction
aux fouetteurs de femmes ! Proscrits ! soyons implacables dans ces solennelles
revendications du droit et de lhumanité. Le genre humain
a besoin de ces cris terribles ; la conscience universelle a besoin
de ces saintes indignations de la pitié. Exécrer les bourreaux,
cest consoler les victimes. Maudire les tyrans, cest bénir
les nations !
VIVE LA RÉPUBLIQUE UNIVERSELLE
!
(1) Voir Les Bagnes dAfrique et la Transportation de Décembre,
par Ch. Ribeyrolles, page 199.
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